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Article: Destination Conflent, Mas Llossanes dans l'article du Figaro Magazine

Destination Conflent, Mas Llossanes dans l'article du Figaro Magazine

Quelle belle reconnaissance de voir Mas Llossanes cité dans ce reportage du Figaro Magazine, qui rend hommage à la richesse et à l’authenticité du Conflent.

Le Figaro Magazine

Dans les Pyrénées-Orientales, découverte du territoire du Conflent, en apesanteur entre reliefs et gorges à pic.

GRAND REPORTAGE - Entre la plaine du Roussillon et les flancs

du Canigou s’étend le Conflent. Véritable pays de cocagne, cette

vallée secrète, traversée par la Têt, fleuve impétueux, propose

maquis méditerranéen et alpages sauvages ponctués d’abbayes et de villages perchés, propices à la marche et à la méditation.

Les vergers fleuris du village d’Eus, merveilleux spectacle printanier éphémère. ERIC MARTIN

Laissant Perpignan sous une pluie diluvienne, la départementale 66 fait son entrée sur le territoire du Conflent dans une explosion de rose. De chaque côté de la route, des pêchers en fleur forment une haie d’honneur. Dans la brume printanière, la Pink Valley, comme la surnomment les Anglais amoureux de la région, a des faux airs de campagne japonaise. À l’horizon se profile le Canigou, aux neiges presque éternelles. Sa silhouette, bien qu’irrégulière et déchiquetée, rappelle la montagne sacrée nipponne.

Tout aussi vénéré, l’Olympe catalan domine la région. On le cherche instinctivement entre les cheminées d’argile et de sable des orgues d’Ille-sur-Têt, petite Cappadoce pyrénéenne, entourée de chênes et de pins d’Alep. Il surgit au détour d’un virage, au-dessus d’un torrent, d’où s’élève de la vapeur. L’eau sulfureuse venue de ses entrailles jaillit, bouillante. Des onsens occitans jalonnent ses flancs, secrets jalousement gardés par les locaux.

À la Belle Époque, les établissements thermaux étaient nombreux. Abandonnés, certains ne sont plus que ruines envahies de végétation, d’autres ont prospéré comme les élégants bains de Molitg ou ceux de Vernet, fréquentés en son temps par Rudyard Kipling. À Saint-Thomas, on barbote dans une eau à 37 °C.

Autour des bassins, les sapins ont remplacé les châtaigniers qui bordaient la route quelques kilomètres plus bas. Paysages de garrigue et de montagne se superposent. Le long de la vallée de la Têt, les vautours fauves, longtemps voués à disparaître, planent majestueusement.

Un territoire sauvage et préservé

De Collioure à Font-Romeu, on traverse le Conflent sans le voir. Pourtant, Villefranche-de-Conflent, située dans la partie haute de la vallée, fut des siècles durant le point de passage stratégique entre la France et la Catalogne. Vauban fit de cette forteresse en marbre rose son projet le plus abouti. Ville minière, lorsque le fer du Canigou valait de l’or, la petite citadelle, tombée dans une douce torpeur, s’anime au Café Le Canigou. Cette institution est tenue par l’inénarrable Joël Méné, pompier volontaire et ardent défenseur de l’identité catalane, à l’accent qui roule comme celui du premier ministre Jean Castex, illustre voisin, venu boire un café quand il était maire de Prades.

Les canadairs miniatures qui décorent son bar rappellent la fragilité de l’écosystème pyrénéen, menacé chaque été par des feux. À un vol d’oiseau, au confluent de la Têt et de la rivière Carança, s’élèvent des parois rocheuses formant des gorges d’une beauté saisissante. Un chemin dans le roc, creusé dans les années 1940 pour acheminer du matériel minier, est devenu un sentier de randonnée serpentant tantôt à flanc de falaise, tantôt sur des passerelles suspendues dans le vide. On avance dans un silence troublé par le murmure de la rivière en contrebas, admirant les lichens qui colorent les gneiss et respirant l’odeur ambrée de la ciste et le parfum sucré des genêts.

Les Pyrénées catalanes attirent des passionnés comme Thomas Dulac, guide de haute montagne, gardien depuis quinze ans du refuge des Cortalets, menant au sommet du Canigou. « C’est l’une des rares montagnes encore sauvages en France, pas défigurée par les remontées mécaniques. Depuis l’arrêt des mines, ses pentes se sont reboisées naturellement. Il y a des endroits encore vierges où l’on a la chance de pouvoir se perdre », se réjouit cet aventurier, qui escalade régulièrement le massif du Hoggar sur les traces de Frison-Roche.

Dominique Génot, propriétaire du Mas Llossanes, dans son chai. - ERIC MARTIN
Le ravissant patio du Castell Rose, maison d’hôtes à Prades. - ERIC MARTIN
Les orgues d’Ille-sur-Têt, joyau minéral dominé par le Canigou. - ERIC MARTIN
Perrine et Étienne Schaller, passionnés d’agrumes rares. - ERIC MARTIN
Les jolies maisons en pierre d’Eus s’égrènent en terrasses. - ERIC MARTIN
La grotte de Marie-Madeleine et la vallée de Villefranche-de-Conflent. - ERIC MARTIN
Chef-d’œuvre de l’art roman, les colonnes du cloître de Saint-Michel de Cuxa.- ERIC MARTIN
Paquebot en verre et acier, le restaurant El Taller, à Taurinya. - ERIC MARTIN
L’abbaye Saint-Martin- du-Canigou, vigie des gorges du Cady. - ERIC MARTIN

Le verger des chefs étoilés

Si les reliefs sont plus accentués au nord de la vallée de la Têt, le piémont du Canigou offre une succession de collines, propices à la culture des arbres fruitiers et de la vigne. À 700 mètres d’altitude, sur la commune d’Arboussols, les 11 hectares du Mas Llossanes sont tapissés de fleurs de moutarde jaune paille, engrais naturel utilisé par Dominique et Solenn Génot. On se promène entre les cépages anciens, ponctués de rochers et de dolmens, avant de déguster, à l’ombre des châtaigniers, un chasan d’une grande finesse. Dans la plaine, les limons de la Têt offrent un terreau d’excellence pour les agrumes rares.

En entrant dans les serres du conservatoire Schaller, la luxuriance des arbres, le parfum acidulé des mains de Bouddha et des citrons caviar évoquent instantanément l’été. Ducasse, Pic, Barbot, Troisgros viennent régulièrement faire leur marché parmi les 1000 variétés d’agrumes cultivés par ce couple d’ingénieurs agronomes. De l’autre côté des vergers s’élève une gracieuse pyramide dominée par une église. C’est Eus, village le plus ensoleillé de France. En dévalant ses ruelles pentues pavées de galets et bordées de figuiers de Barbarie, on perçoit l’énergie particulière de ce balcon face au Canigou. Nuno de Matos s’y est arrêté il y a vingt ans et n’est plus reparti. Ce peintre, également ingénieur et alpiniste, ouvre sa maison aux voyageurs. « Beaucoup viennent pour marcher mais aussi pour méditer, car il y a une vibration particulière qui explique l’importance du patrimoine religieux sur le territoire. »

En apesanteur à 1000 mètres au-dessus des gorges du Cady, Saint-Martin-du-Canigou invite à faire preuve d’humilité. Depuis un millénaire, ce nid d’aigle fascine tous ceux qui ont le courage d’y grimper. Au soleil couchant, bercé par le bruit du vent et les cloches des vêpres, il faut être bien insensible pour ne pas ressentir une telle beauté. Avec ses voûtes en berceau, Saint-Martin incarne le premier art roman méridional. Ses chapiteaux en marbre rose, reconstitués après une lente résurrection, rappellent ceux d’un autre monastère situé en plaine, à une vingtaine de kilomètres.

Des paysages sacrés

Au milieu des pêchers et des moutons, Saint-Michel-de-Cuxa a eu lui aussi plusieurs vies. Étape importante sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’abbaye florissante est démantelée à la Révolution française. Racheté par un collectionneur américain au début du XXe siècle, son cloître est la pièce maîtresse du musée The Cloisters, à New York. Grâce à la résistance des habitants et des moines, une partie des colonnes a pu rester à l’abbaye. Mais pour les Occitans, le site sacré entre tous est le Canigou. Tous les 22 juin, une troupe grimpe au sommet pour rallumer la flamme, conservée précieusement dans une lampe-tempête à Perpignan. Des délégations catalanes viennent ensuite la récupérer pour embraser les feux de la Saint-Jean.

Carnet de voyage

Se renseigner 

Auprès de l’office de tourisme de Conflent Canigó (04.68.05.41.02 ; Tourisme-canigou.com), dont le site regorge d’idées de randonnées, d’activités en eau vive… à compléter avec les expériences proposées par celui du département des Pyrénées-Orientales (04.68.51.52.53 ; Tourisme-pyreneesorientales.com).

Y aller

De Perpignan, il faut 45 min en voiture pour rejoindre Marquixanes, entrée de la vallée du Conflent, qui se termine à Fontpédrouse.

Notre sélection d’hébergements

À Bélesta, aux portes du Conflent, le Domaine Riberach (04.68.50.30.10 ; Riberach.com), une cave coopérative transformée en étonnant hôtel écologique, compte 18 chambres contemporaines lovées à l’intérieur des anciennes cuves. Deux restaurants locavores, une boutique de vins, une piscine et un spa en font une halte idéale. À partir de 200 € la nuit, petit déjeuner non compris.

Dans une rue paisible de Prades, Castell Rose (06.71.73.54.92 ; Castellrose-prades.com) est une élégante maison de maître en marbre rose. Les charmants propriétaires mettent à disposition 5 chambres douillettes. À partir de 125 € la nuit, incluant un petit déjeuner gargantuesque. 
Pour découvrir Eus, on a choisi Casa Ilicia (06.95.34.15.32 ; Casailicia.wordpress.com), la chambre d’hôtes incontournable. Ses propriétaires, Claudia et Nuno de Matos, possèdent aussi une « vermoutherie » et un jardin de cactus en haut du village. Sa terrasse est un point de vue splendide sur le Canigou. À partir de 64 € la nuit, petit déjeuner compris.

Dominant les thermes de Molitg-les-Bains, le Château de Riell !(04.68.05.04.40 ; Chateauderiell.com), membre Relais & Châteaux, est le 5 étoiles du Conflent. Au cœur d’un parc luxuriant, cette folie gothique abrite 17 chambres, certaines avec une vue spectaculaire sur la montagne sacrée. Entre le restaurant gastronomique et l’accès aux thermes, Riell est une destination en soi. À partir de 180 € la nuit, petit déjeuner compris.

Nos bonnes tables

Perché à l’intérieur d’Eus, Un Xic de Tot (06.31.60.69.50), « un peu de tout » en catalan, est tenu par une mère et sa fille. Cette grande terrasse invite à goûter tous les plats de la carte, qui change au gré des arrivages. Les huîtres aux agrumes et gingembre ainsi que les rouleaux d’herbes sauvages auraient leur place dans le menu d’un étoilé. Une pépite ! Environ 35 € le repas.

Avec son architecture futuriste en verre et acier, El Taller (04.68.05.63.35 ; Bar-restaurant-el-taller.weebly.com) ne passe pas inaperçu dans le petit village de Taurinya. Les propriétaires, 4 amis, insufflent une ambiance conviviale et proposent une cuisine locale de très bonne facture. À partir de 38 € le menu.

C’est au cœur de la citadelle de Villefranche-de-Conflent qu’officie le plus Catalan des Narbonnais dans son fief, La Senyera (04.68.96.17.65 ; La-senyera-restaurant.eatbu.com). Sourire communicatif, Julien Blaya régale avec une cuisine gourmande et familiale. Mention spéciale pour son Canigou en chocolat, fourré au yuzu et au sésame. À partir de 36 € le menu. 
De mai à septembre, le chef transporte sa cuisine au Caillou, situé au bord de la Têt, au cœur du parc d’Extérieur Nature, à Marquixanes.

Sur les hauteurs de Vernet-les-Bains, Le Cortal (04.68.05.55.79 ; Bistrotlecortal.fr), ancienne étable reconvertie en restaurant, magnifie les saveurs exotiques. Le chef et propriétaire Abou Sow, seul en cuisine, concocte avec maestria des plats inspirés de son pays natal, le Sénégal, mais aussi par les produits de la région. Environ 50 € par personne.

À voir, à faire

Grimper jusqu’au sommet du Canigou accompagné par Marco Rollot (06.12.92.60.70 ; Canyoncanigou.fr), qui vous apprendra à vaincre le vertige. À partir de 350 € pour 4 personnes.

Remonter le spectaculaire canyon de Llech, l’un des plus beaux des Pyrénées, avec Extérieur Nature (04.68.05.72.12 ; Exterieur-nature.com) : 2 h 30 de descente en rappel, de sauts et de glissades dans une vingtaine de cascades. À partir de 65 € par personne.

S’offrir une balade parfumée entre les agrumes rares du conservatoire Schaller (Agrumesbaches.com). 12 € par personne.

Goûter et rapporter

Savourer un « Barbu » du Couvent (04.68.84.15.65 ; Boulangerie-lecouvent.com), pain à base de farine de blé ancien aux saveurs et aux vertus exceptionnelles (9 €).

Apaiser ses bronches avec du sirop de sapin des alpages pyrénéens, recette traditionnelle relancée par Abies Lagrimus (04.68.22.60.85 ; Abieslagrimus.com). 13 € la bouteille.

S’émerveiller face au Canigou en visitant le Mas Llossanes (07.83.01.95.15 ; Masllossanes.fr). Un vignoble d’altitude cultivé en agriculture biologique et en biodynamie. 10 € la visite et à partir de 11 € la bouteille de vin.

Par (texte) et (photos), pour Le Figaro Magazine

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